Cette question nous est très souvent formulée et y répondre demande beaucoup de nuances. Précisons tout d’abord qu’une tradition remontant aux apôtres eux-mêmes réserve le ministère sacerdotal aux hommes uniquement, ce qui était déjà le cas dans le judaïsme dont l’Église chrétienne est issue. Aussi, comme l’a fort bien exprimé Sa Sainteté le pape Jean-Paul II, aucun évêque n’a le pouvoir, fusse-t-il l’Évêque de Rome, de modifier cet élément du dépôt apostolique dont les évêques sont, individuellement comme collectivement, les gardiens indéfectibles.

 

Ceci étant précisé, il existe une raison profonde pour laquelle la prêtrise a toujours été réservée aux hommes. Cette raison est liée au caractère même du sacerdoce chrétien par lequel le prêtre, in persona christi, exerce d’abord et avant tout un sacerdoce sacrificateur. En effet, la fonction sacerdotale chrétienne, comme elle l’était antérieurement dans le judaïsme, consiste d’abord à célébrer un sacrifice. Aussi, on voit mal comment une femme, qui incarne de manière archétypale l’idée de donner la vie, pourrait monter à l’autel dans le but express de l’enlever, en « sacrifiant », au sens fort et premier du terme. Évidemment, si nous relativisons le caractère sacrificiel du sacerdoce chrétien, comme c’est le cas chez les protestants, cette objection perd beaucoup de sa substance.

 

Dans cette perspective, la Fraternité Sacerdotale Saint Jean l’Évangéliste ne s’oppose pas au fait qu’une femme exerce un « ministère de la tendresse de Dieu », pour reprendre l’expression récente (décembre 2012) du Père Robert Jolicoeur, de la paroisse catholique romaine de St-Rock, à Sherbrooke (Canada). Au contraire, une femme est peut-être plus à même qu’un homme d’exercer un tel ministère. Mais vouloir qu’elle accède au sacerdoce chrétien, c’est vraiment oublier le sens même de ce sacerdoce qui consiste à « mettre à mort », pour favoriser le passage vers une autre vie.

 

On oppose souvent à cette posture historique et théologique le fait que des diaconesses ont existé au sein de l'Église catholique romaine. Pensons notamment à une certaine Phœbé, qui aurait été diaconesse, puisque saint Paul la recommande dans son Épître aux Romains (Rom XVI, 1-3). À l’époque, les diaconesses étaient toutefois des veuves et des vierges chargées de faire la catéchèse, de prêter assistance au baptême des femmes et de participer à l’animation de prières. Or nous retrouvons bien là ce « ministère de la tendresse de Dieu », essentiellement articulé autour d’une fonction « maternelle » ou « matricielle ». Le rôle des diaconesses, qui s’est éteint entre le sixième et le neuvième siècle, d'abord dans l'Église d'Occident, puis en Orient, n’a cependant jamais été sacerdotal, puisqu’elles n’ont jamais été autorisées à monter à l’autel, sur la montagne du saint sacrifice.

 

La disparition progressive du caractère sacrificiel du sacerdoce dans l’Église catholique romaine contribue toutefois, aujourd’hui, à faire progressivement disparaître ce qui s’opposait, de la manière la plus explicite, à un sacerdoce féminin.